Pinceau, pioche et plancher

Billet où nos héros vous dévoilent les prémices d’une future terrasse et les secrets pour obtenir un badigeon au poil.

Mercredi 25 mai : on entame de bonne heure et de bonne humeur la sous-couche sur les murs de la salle de bains. Jusque-là, rien de bien compliqué puisqu’on passe la sous-couche au rouleau.

Produit spécialement conçu pour les badigeons à la chaux.

Le matériel et surtout la cloison déjà passée au rouleau.

Nous ne sommes pas les seuls à travailler ce matin : depuis notre petit hublot, on aperçoit des ouvriers qui sèment un joyeux bazar dans l’allée (en réalité, ils sont venus réparer des canalisations du voisinage qui fuient depuis 1 ou 2 jours !).

La concurrence est rude dans le quartier !

La sous-couche sèche très rapidement, ce qui nous permet d’attaquer le badigeon lui-même. Prudent, Mickaël fait une petite démonstration rapide avant de me laisser le pinceau (heureusement, c’est pas comme les consignes de sécurité dans l’avion, “en cas de dépressurisation de la cabine, des masques à oxygène tomberont… zzzZZZzzz…” : là j’essaye d’être plus attentif !). Je retiens surtout qu’on n’applique pas un badigeon à la chaux comme on peindrait un mur avec une peinture classique : il faut procéder par petits mouvements “papillonnants” en essayant de garder globalement le même geste en progressant avec son pinceau (Mika a donné l’exemple d’un mouvement de poignet comme si on tracait le chiffre 8).

Merci de votre mobilisation suite à notre appel à l'aide SOS Coiffeurs : un professionnel a pu intervenir et la situation est maintenant sous contrôle.

Apparemment ce n’est pas très compliqué de fabriquer soi-même sa peinture à la chaux en mélangeant de l’eau, des pigments et… de la chaux bien sûr (sous forme de poudre ou de pâte). Selon l’équilibre des dosages entre chaux et eau, on peut obtenir des effets différents : a priori il faut 2 à 3 volumes d’eau pour 1 volume de chaux afin de donner un aspect lisse et masquant qu’on appelle justement le badigeon (on parle à juste titre d’une “eau forte” lorsque l’effet est très léger, et au contraire d’un chaulage lorsqu’on dépose davantage de matière au mur, ces déclinaisons faisant partie de la famille des “laits de chaux”). Je raconte tout ça, mais en fait sur ce coup là on a opté pour un mélange “tout prêt” acheté dans un magasin spécialisé sur cette thématique, dont je reparlerai plus bas. Derniers conseils : il faut éviter d’appliquer un badigeon par températures extrêmes (et attention aux courants d’air qui risquent de faire sécher le support trop rapidement !), et il faut également régulièrement mélanger le badigeon pendant qu’on travaille pour que le mélange reste homogène (coucou les pigments !). Allez c’est parti…

Le rendu est assez foncé lors de l'application mais le résultat final sera plus clair.

Zoom sur le badigeon.

Rapidement, un problème TRÈS agaçant survient : j’utilise un pinceau plat large (également appelé “spalter”), qui n’est malheureusement pas de première fraîcheur, et a une fâcheuse tendance à perdre ses poils (un peu comme les cheveux des hommes parfois, mais c’est une autre histoire !). Je passe donc à peu près autant de temps à peindre qu’à récupérer les poils qui se collent au mur… Comme on a pas d’autre spalter sous la main, pas trop le choix : je ne cède heureusement pas face à l’adversité !

Le rendu commence déjà à s'éclaircir, même si on distingue une zone encore humide sur la gauche de l'image.

Je poursuis même le badigeon dans les “zones difficiles d’accès”.

Et on ne déborde pas !

Au niveau du dessus, Mika termine la pose du plancher de la mezzanine.

On y est presque...

La pose des lames est maintenant terminée, il découpe alors le bout du plancher (qui surplombe le salon) pour un rendu visuel plus net.

A peine posé, le plancher est déjà plein de sciure...

Je crois que le moment est venu de vous présenter le résultat vu depuis le salon !

Voilà une photo qui me fait plaisir !

Retour dans la salle de bains, où le badigeon a pu sécher entre temps…

Finalement c'est presque déçevant, on voit peu les traces de badigeon et le rendu est un peu trop uniforme à mon goût : tous ces efforts pour ça ? Ceci dit, il reste à passer une seconde couche !

On attaque alors un douloureux chantier qui m’a valu de me faire passer un savon : l’extraction minutieuse des satanés poils de pinceau restés coincés dans le badigeon ! Il faut dire que Mickaël m’a fait remarquer plusieurs fois que je n’avançais pas bien vite, or ma progression était fortement ralentie par “l’épilation” du mur (oui à ce stade on peut utiliser ce mot). J’ai donc décidé de continuer comme si de rien n’était pour les enlever tous d’un coup à la fin, ce qui permettait également d’éviter les possibles traces de raccords si le badigeon séchait entre temps. J’avais juste négligé un détail, c’est qu’une fois le mur sec, les poils seraient beaucoup plus durs à enlever…

Un des nombreux coupables : sortez vos pinces à épiler !

Pour se détendre après ces soucis de pilosité, Mickaël met un peu d’ordre dans le compteur et les câbles électriques.

Travail de professionnel (ou du moins j'espère).

Il enchaîne avec une seconde couche d’enduit dans la “cage d’escalier” (à moins que ce ne soit la troisième, on s’y perd à force !).

S'il n'y a pas grand chose à voir, c'est plutôt bon signe !

A propos de seconde couche, je passe celle de badigeon dans la salle de bains.

On tient le bon bout, je le sens...

Alors que la journée tire à sa fin et que je vais enfiler mon costume de Maïté, Mickaël peint le plafond de la SDB (une peinture à l’huile “classique”, donc plus rapide à appliquer…).

Contours au petit pinceau et grandes zones au rouleau ! Voilà qui évite les problèmes de poils...

 

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Voici venu le week-end : vous savez, ce moment où les gens vont boire des mojitos en terrasse, s’endorment devant Koh-Lanta ou font les boutiques. Ou alors ce moment où vous faites des travaux (j’espère que vous vous sentez bien coupables d’avoir pleinement profité de votre week-end, maintenant). Bref, ce week-end de chantier commence dès le vendredi soir, avec la pose du meuble de salle de bains, accompagné de sa vasque et de son miroir. On avait choisi un coloris gris clair qui nous plaisait bien, mais on commence à se dire qu’à force ça risque de donner une SDB avec beaucoup de teintes grises…. Affaire à suivre !

Mais qui a laissé traîner ce vieux plastique moche sur le meuble tout neuf ?

Trêve de grisaille avec un petit coup de produit d’étanchéité qui en met plein les yeux. J’ai comme un doute : il me semble que je ne vous ai pas parlé de notre merveilleux panneau de douche (FAIT MAISON bien sûr) qui offre une petite niche où ranger les shampoings et autres produits ! Voilà qui répond astucieusement à l’épineuse situation où, de l’eau plein les yeux, on cherche accroupi le flacon de gel douche en tatonnant partout…

Selon Mika, l'idée serait une suggestion de ma mère !

Carrelage à venir !

Dans la rubrique “Inauguration”, Mika pose la première vraie prise électrique de la dépendance….

Je sens qu'entre toi et moi, le courant va bien passer ! (enfin pas trop quand même hein)

Le lendemain, on attaque le chantier avec motivation : surtout moi qui songe déjà à la terrasse sur laquelle je pourrai (presque) bientôt faire des sudokus en sirotant des cocktails. Parce que oui, on a l’intention d’avoir une petite terrasse d’une dizaine de mètres carrés dans le prolongement de la dépendance ! Mais avant d’en profiter, il va déjà falloir la construire, et surtout… CREUSER ! Vous l’aurez compris, la pioche, la pelle et la brouette sont des fondamentaux du chantier : c’est parti pour le terrassement…

Ce n'est qu'un début !

Mickaël continue quant à lui à concentrer ses efforts sur la salle de bains.

Passage de tuyau d'eau entre la cuisine et la SDB.

Carrelage du coin rangement à côté des toilettes (pas l'endroit le plus simple à carreler, je pense...).

Dehors, je progresse lentement mais sûrement malgré une météo quelque peu changeante : soleil éblouissant, pluie tropicale, soleil éblouissant, pluie tropicale… L’ambiance est assez étouffante !

Mais qui est ce séduisant jeune homme aux muscles saillants ?

Au fil de la journée, je profite des courtes périodes de chômage technique (pour cause d’averse) et je vais surveiller ce que fait Mickaël (je préfère ne pas le laisser seul trop longtemps, il serait capable de faire n’importe quoi… heureusement que je suis là pour veiller au bon déroulement du chantier !). Ouf, tout semble bien se dérouler et je crois qu’il s’en sort pas trop mal…

Raccordement du chauffe-eau (oui, celui déconseillé aux personnes psychologiquement fragiles).

Carrelage du panneau intérieur de douche.

Zoom sur ces élégantes (et coûteuses) baguettes d'angle.

Alors que la journée se termine déjà, j’ai creusé 75% de la terrasse (et évacué 75% de l’eau bue sous forme de transpiration sans doute, vu la chaleur…). En attendant de terminer, on recouvre déjà la partie creusée de géotextile, ce qui empêchera les remontées de terre disgracieuses et l’implantation de mauvaises herbes : avouez que ça serait triste que mes sessions de sudoku soient annulées pour cause de terrasse boueuse ou envahie par les ronces.

On feeeerme !

Le lendemain, dimanche 29 mai : je fais semblant de ne pas sentir les courbatures et attaque joyeusement la suite du terrassement. Ayant déjà survécu aux racines d’arbres récalcitrantes, à la découverte d’os d’animaux (enfin je préfère le penser), aux barres de béton qu’il faut casser et autres obstacles, je me disais que pas grand chose ne pouvait désormais m’arrêter… ou presque ! Je suis tellement motivé que je ne contrôle plus ma force et CLAAAC, le manche de la pioche se retrouve en deux morceaux…

En vrai, j'ai surtout fait un truc pas très très intelligent : me servir de la pioche pour faire levier sur un énorme rocher (mais chut...).

Je me dis que ça risque d’être beaucoup moins rigolo si je dois finir de creuser au piochon (la version miniature de la pioche). Heureusement, SuperMika arrive et trouve la solution à mon problème en quelques minutes : il démonte la masse dont il récupère le manche pour y fixer la pioche !

Tadaaaam !

Quand il n’est pas occupé à réparer mes bêtises, Mika avance aussi de son côté…

Carrelage de l'extérieur du panneau de douche.

Préparation de la découpe des carreaux du panneau derrière les toilettes : tout un art !

Comme cela ne l’occupe pas bien longtemps, il vient m’aider à terminer le terrassement pendant que je commence à poser des gravats sur le géotextile.

On ne va pas boire les bouteilles à l'apéro puisqu'elles sont vides : c'est pour les casser dans les gravats et éloigner ainsi d'éventuelles bestioles souterraines qui voudraient attaquer notre terrasse.

Quelques coups de pioche et brouettes plus tard, nous avons fini de creuser !

Et voilà : encore un trou qu'on creuse pour le reboucher !

Je termine le week-end de chantier en poursuivant la “garniture” des fondations de la terrasse avec des gravats.

Le détail un peu frustrant : il nous manquait pas grand chose de géotextile pour couvrir toute la zone !

Mickaël finit en mode “cerise sur le gâteau” avec le carrelage de notre niche à shampoings…

Toi, je t'aime déjà !

 

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Quelques jours plus tard, on commence bien le mois de juin puisqu’on consacre le mercredi 1er au chantier. Au programme du jour : un mini-tutoriel PLOMBERIE sur comment réaliser un raccord étanche avec un joint filasse ! Le matériel nécessaire : les raccords (logique, jusque-là…), la pâte à joint ainsi que la filasse (qui semble être du chanvre). Pause culturelle, dans la catégorie “Professions oubliées” : saviez-vous qu’à une époque, il existait le métier de peigneur de chanvre ? (je le découvre à l’instant !)

Le tuto va commencer, tout le monde a son matos ?

On enroule la filasse autour du raccord (on dirait presque que j'essaye de faire subtilement du placement de produit).

On enduit délicatement l'ensemble de pâte à joint.

Y'a plus qu'à raccorder ! L'élément qu'on vient de raccorder est au premier plan, au bout de ce qu'on appelle nourrice, ou encore collecteur ou clarinette. Il y a une nourrice pour l'eau chaude et une pour l'eau froide. Je trouve ça mignon, la symbolique de la nourrice pour le dispositif qui distribue l'eau un peu partout...

Dans le doute, vous pouvez retrouver le même tutoriel sur cette page (et comparer pour voir si on raconte pas n’importe quoi…).

Après cette petite mise en bouche, Mickaël poursuit avec l’installation du “petit coin” : mise en place du panneau carrelé, pose de la vasque des toilettes suspendues et du bouton de chasse d’eau.

La cuvette, la cuvette !

Quelques minutes plus tard, C’EST LE DRAME ! Tandis qu’il essaye de régler un raccord du chauffe-eau, Mika asperge la moitié de la salle de bains (y compris lui-même), sans épargner bien sûr le mur badigeonné avec amour récemment. En réalité ce n’est pas bien grave puisque l’enduit et le badigeon sont naturellement poreux donc “vivent” avec leur environnement (comme la vie est bien faite !).

AH BRAVO !

Consolons-nous en constatant que la situation progresse dehors avec le remplissage du trou creusé…

Travail de fourmi.

Positivons : le tas de gravats proche de la future terrasse s'amenuise petit à petit.

J’ai failli oublier de vous raconter mon “excursion” de la veille, avant d’entamer le chantier : Mika faisant déjà de nombreux trajets pendant la semaine pour récupérer du matériel, il me missionne ce samedi matin pour aller acheter de quoi traiter le tout nouveau plancher de la mezzanine. Je me rends pour ça dans le magasin Color Rare situé à une dizaine de minutes de la maison, et que Mickaël connaît déjà bien : c’est une enseigne qui existe dans plusieurs villes de province, spécialisée dans les peintures écologiques et naturelles, en particulier pour ce qui est des peintures et enduits à la chaux. J’aime beaucoup l’univers de ce magasin qui est visuellement très riche, avec des étagères et allées remplies de petits bocaux aux teintes et textures infinies (ou presque), et même ce qu’ils appellent un “bar à couleurs” : on peut bien sûr acheter des peintures prêtes à l’emploi (comme on l’a fait pour la salle de bains) mais aussi composer sa propre teinte en mélangeant des poudres colorées (pigments principalement) à des liants. On peut évidemment bénéficier de conseils sur mesure en expliquant son projet et Color Rare propose même des stages et ateliers pratiques (promis, j’ai rien gagné en écrivant tout ça !). Bref, tout ça pour dire que je suis allé la veille acheter une couche d’impression incolore destinée à protéger le bois de la mezzanine, qui répond au doux nom de “Miscela Sana” : je l’applique consciencieusement, ce qui a pour effet de dégager une odeur assez entêtante d’orange, un peu comme si on avait fait cuire 3000 crêpes à la fleur d’oranger dans la dépendance (après vérification, on s’aperçoit que c’est dû aux “terpènes d’orange” qui entrent dans la composition du produit).

L'odeur des crêpes, la couleur des crêpes... Tout cela commence à devenir très bizarre !

Encore une journée passée bien vite, et Mickaël clôt le week-end avec la peinture de la porte de la salle de bains, dont l’agenda n’a pas été bien rempli depuis son arrivée dans la dépendance (vous l’aurez compris, je parle toujours de la porte !).

Vite, la nuit tombe !

La porte en situation, une fois la peinture terminée.

Je me rends encore mieux compte de l’ironie de la situation en écrivant ce billet : dire qu’on a toutes ces couleurs chatoyantes à portée de main, et on choisit 50 nuances de Grey gris pour la salle de bains…

Allez, je vous laisse, on doit encore bosser un peu sur la terrasse pour en profiter cet été !