Winter is coming : l’isolation avance !

Truelle après truelle...

Après l’été qui est passé en un claquement de doigts, voici l’automne qui semble s’enfuir aussi vite que les feuilles des arbres dans le vent (merci de penser à moi pour le prix Nobel de littérature l’année prochaine…).

Dans le dernier billet, nous avions terminé de mettre en place une première couche d’isolation faite de plaques de polystyrène. Après avoir renforcé les angles des murs et des ouvertures, on s’attaque à une couche de sous-enduit, sur laquelle viendra reposer le “vrai” enduit. Cette sous-couche offre donc une structure sur laquelle accrocher l’enduit par la suite. La progression est relativement rapide sur de grands pans de murs…

On appuie l'échelle sur un bloc de polystyrène pour ne pas enfoncer les plaques d'isolant.

Le retour de l'échafaudage artisanal.

Voici les rouleaux de treillis en fibre de verre qui vont donner sa structure à la couche de sous-enduit. Les fabricants vantent apparemment les mérites de ce produit pour “compenser les tensions thermiques et diminuer les fissures” (ce qui est plutôt rassurant).

Treillis qu'on peut découper aux ciseaux selon les besoins.

Zoom sur le hublot “côté jardin” : dans ce cas, il a été plus simple de laisser dépasser le treillis pour découper plus tard les zones en trop (sans doute d’autant plus simple que je ne suis guère intervenu sur cette étape).

Treillis + enduit = structure renforcée.

La fin du mois de septembre nous offre encore quelques belles journées et soirées, on en profite donc pour monter une pergola. Là, vous vous dites que ce n’est pas très pertinent d’acheter une pergola alors que l’été tire à sa fin, mais on a en fait profité d’une promotion de notre fournisseur favori (y’a pas de petites économies…). L’idée à terme est de faire grimper depuis le mur mitoyen des passiflores, qui font de jolies fleurs et formeraient une jolie treille avec les fameuses petites grappes qui pendouillent comme ici ou . Rien de bien défini pour le moment, mais l’avantage de la pergola avec passiflore, c’est d’avoir de la luminosité l’hiver (pas ou peu de feuilles l’hiver je crois ?) et offrir à l’inverse de l’ombre pendant la période estivale. Enfin tout ça reste à creuser puisque la “Passiflora” est en fait une famille de plantes qui compte… plus de 530 espèces ! Les plus curieux d’entre vous pourront s’offrir sur ce sujet une minute culturelle / historique / religieuse.

Vous pouvez juger de l'été indien par la tenue légère de Mickaël, les parasols ainsi que la piscine encore là...

Trêve de rêveries, retour au chantier avec le sous-enduit qui avance… Cette couche est sèche en moins de 24 heures, en général.

Façade "côté rue".Zoom sur l'enduit du pourtour du hublot.

Voici venu le mois d’octobre : l’été s’éloigne progressivement, et s’il reste quelques belles journées de chaleur (relative), l’eau devient trop fraiche pour se baigner (mais on continue à se doucher dans notre super salle de bains, je vous rassure). Adieu baignades rafraichissantes en extérieur, et bienvenue aux petits semis d’herbe pour reverdir ce qui fut l’emplacement de la piscine pendant 3 mois !

Non, les semis ne sont pas visibles sur la photo.

Quelques jours plus tard, la couche de sous-enduit (ou sous-couche d’enduit, je sais pas trop en fait) est terminée. De mon côté, j’attaque l’application d’un apprêt régulateur d’humidité qui évite que le mur se transforme en éponge. Concernant la mise en œuvre, il n’y a pas grande différence avec de la peinture et j’applique assez rapidement l’apprêt au rouleau (j’avoue que j’ai galéré au départ, ayant du mal à obtenir des couches uniformes, j’ai finalement opté pour une célèbre technique de couches croisées progressives… contactez-moi pour plus d’infos ! ahah). L’objectif n’est de toute façon pas d’avoir un mur parfaitement “apprêté” mais qu’il soit globalement recouvert.

Evidemment j'ai pris la photo alors que le pan de mur "apprêté" est dans l'ombre !

Au détour de quelques trajets, voilà que Mickaël revient avec des remorques généreusement chargées en sable. Hum, mais pour quoi faire ?

Regardez comme cet homme est heureux de travailler !

La réponse arrive peu après : nous retrouvons notre valeureux ouvrier à l’œuvre sur son échafaudage, qui effectue des gestes assez étranges avec sa truelle. Il faut dire que la bétonnière aura tourné plus tôt dans la journée pour fabriquer de l’enduit à la chaux.

Pour la petite histoire, c’est un enduit mural traditionnel, pour ne pas dire ancestral : la chaux est utilisée depuis l’antiquité pour la maçonnerie d’édifices, mais s’est vue peu à peu détrônée par le ciment (apparu vers 1840) qui se généralise pendant la seconde guerre mondiale (notamment pour la ligne Maginot avant 1940, puis le mur de l’Atlantique ou les bases de sous-marins). Le recours au ciment deviendra alors massif lors de la reconstruction de l’après-guerre. Aujourd’hui, un certain nombre de personnes reviennent à la chaux (plutôt pour l’habitat individuel) du fait de sa composition qu’on qualifie souvent de naturelle ou ses propriétés dites écologiques. Le mortier de chaux présente en effet deux avantages que le mortier de ciment n’a pas : il est souple et permet aux murs de « respirer ». Par ailleurs, l’enduit à la chaux contient en général peu ou pas de produits chimiques, et sa mise en œuvre ne génère pas d’émanations toxiques et autres composés organiques volatiles (COV – pas de raccourci hâtif sur ce terme, puisque la grande majorité des COV sont d’origine naturelle et pas néfastes pour la santé, en revanche une partie de ceux qui sont générés par l’activité humaine peut l’être : homo homini lupus est !). Au contraire, la chaux absorbe du CO2 lors de sa carbonatation, donc agit comme “puits” de gaz à effet de serre : c’est pas merveilleux ? (au passage je trouve rigolo ce terme de “carboNATATION”, un peu comme si la chaux avait cours de piscine, enfin passons…)

Bref, voilà donc Mickaël qui projette des petites truelles de mortier à la chaux sur l’apprêt. C’est assez fastidieux au départ (croyez-moi, j’ai essayé et j’en avais marre au bout de 3 minutes et 27 secondes…), mais une fois que le geste est maîtrisé, ça va apparemment un peu plus vite. Enfin quand je dis vite, c’est tout relatif depuis le temps que Mika s’affaire sur l’enduit à la chaux, et c’est pas fini ! Attention : comme vous pourrez le constater sur les différentes photos, il faut veiller à bien se protéger la peau puisque tout comme le ciment, la chaux est corrosive et peut donc occasionner des “brûlures superficielles” (idéalement, on doit même porter un masque pour manipuler la poudre, ainsi que des lunettes de sécurité pour éviter toute éclaboussure : l’inspection du travail va encore devoir sévir face aux négligences de notre ouvrier !). En fin de journée, il est recommandé de se rincer les mains et les parties du corps ayant été au contact de la chaux avec du vinaigre, ce qui atténuera les effets de la chaux basique (ben oui, c’est encore de la chimie…).

Le début d'une (bien trop) longue activité !

Truelle après truelle...

Après avoir projeté grossièrement l’enduit sur une zone, on peut passer au talochage : cette opération permet de faire ressortir le “grain” (donner une texture au mur) et resserrer l’enduit dans le même temps (égalisation de la couche d’enduit).

La taloche (et Mika) en action !

Regardons de plus près la texture de l’enduit après projection et talochage. Dans les heures qui suivent la “mise en place”, l’enduit est encore bien fragile et on referme donc la porte de la dépendance avec précaution pour ne pas risquer une avalanche (ce n’est pas une blague !). Si l’enduit durcit nettement dans les jours qui suivent sa pose, il faudra compter plus de 6 mois pour qu’il atteigne sa consistance définitive “à cœur” : cela veut dire que la chaux redeviendra à terme de la pierre calcaire (c’est ça le cycle de la vie, ou du moins de la chaux !).

Traces du talochage.

"Vue de profil" de l'enduit : épaisseur d'environ 15 mm.

Comme ce n’est pas évident de se rendre compte du mouvement particulier pour l’enduit à la chaux, voici la technique en vidéo (je précise que ce n’est pas notre brave ouvrier béglais que vous voyez sur ces images !).

Sinon vous avez la version plus rapide (et plus chère) avec une machine à projeter l’enduit (mais pourquoi diable se simplifier la vie quand on peut galérer, après tout ?). Après avoir donc amplement galéré, le premier pan de mur est finalement enduit.

La pergola contre-attaque.

Mais dis donc, je ne vous ai pas vraiment parlé de la composition de notre enduit à la chaux, ce qui est l’occasion de faire un point “Vocabulaire de chantier” (tremblez…). Avec l’aide de notre bétonnière, on mélange donc nos 3 composants que sont le liant (la chaux elle-même, qui assure la liaison entre les différents composants et l’homogénéité du mortier), les charges (agrégats minéraux et organiques qui contribuent à la résistance du mélange = du sable dans notre cas), ainsi que les adjuvants (produits en faible quantité qui peuvent apporter ou améliorer certaines propriétés : on utilise aujourd’hui plutôt des résines de synthèses ou autres plastifiants, mais la liste des produits utilisés traditionnellement est étonnante, du vin au sucre, en passant par du savon, du sang de bœuf ou de l’urine…).

Avec l’été qui s’éloigne, c’est aussi la fin de la belle saison pour une bonne partie de notre potager : on aura bien profité des tomates mais on ne peut pas en dire autant des aubergines. Nos cucurbitacées diverses et variées, à défaut d’être comestibles, auront au moins fait le plaisir d’amis pour la décoration d’une soirée d’Halloween ! (sans compter l’ornement de notre jardin, évidemment…)

Merci pour tout, les tomates ! A l'année prochaine... Je pense qu'on a une variété d'aubergines naines et fermes (elles ne sont toutefois pas trop mauvaise après cuisson). Le CCC au grand complet (Club des Cucurbitacées Charmantes - rien à voir avec le KKK).

Deux ou trois jours après le premier pan de mur enduit, on peut déjà constater un contraste de couleur entre l’enduit qui a été fait il y a quelques jours (à gauche) et celui “frais” qui vient d’être fait (à droite). Avec le temps, l’enduit blanchit en effet de plus en plus jusqu’à redevenir calcaire, mais tout ça n’est en fait ENCORE qu’une histoire de réactions chimiques, je vous épargne les détails sur le cycle de la chaux… Mais soudain, que vois-je avec effarement ? Non pas une, mais plusieurs petites fissures superficielles qui ricanent dans l’enduit (c’est ce qu’on appelle poétiquement le “faïençage”, si c’est pas mignon… sur le papier !). Apparemment il n’y a pas de quoi s’inquiéter, c’est un des symptômes de l’enduit qui “tire” (oui là encore, ça ne sèche pas mais ça tire, c’est subtil le vocabulaire du bâtiment !). Quelques rapides coups de taloche plus tard pour resserrer l’ensemble, les fissures ont disparu…

Work in progress...Les fissures qui vivent leur derniers instants.

Dans la catégorie “Bricolages divers”, nous avons installé un kit destiné à filtrer l’eau. Une cartouche de cristaux de polyphosphates (à droite) agit comme anti-calcaire tandis que l’autre cartouche filtre les impuretés (à gauche).

Commence à y'avoir pas mal de bazar sous l'escalier...

Revenons-en à notre enduit à la chaux : les encadrements des ouvertures constituent un morceau de bravoure dans cette activité déjà pas simple… Mais après y avoir consacré un certain temps, il faut bien avouer que le résultat est plus que satisfaisant !

Cadre de la fenêtre : il aura bien sûr fallu protéger les menuiseries avec un film plastique le temps d'enduire.

Pour les pourtours verticaux des ouvertures, une technique bien pratique pour obtenir des encadrements bien droits consiste à placer une règle de niveau, en la laissant dépasser de façon à obtenir l’épaisseur d’enduit souhaitée : il n’y a plus qu’à combler et laisser l’enduit tirer quelques dizaines de minutes avant de pouvoir enlever (délicatement) la règle. Comme je sens bien que mes explications sont peu compréhensibles, place aux images !

On vient remplir d'enduit le vide entre la règle métallique qui dépasse et le montant de la porte.

Autre étape délicate : enduire les parties des ouvertures qui ont “la tête en bas” (sous le linteau, donc). Il faut en effet s’armer de patience pour défier la gravité et faire en sorte que l’enduit accroche.

Muscles contractés, mâchoire crispée, et sourcils froncés : l'heure est (presque) grave.

>>> Pour celles et ceux qui veulent VRAIMENT plus d’infos sur l’enduit à la chaux, un retour d’expérience assez détaillé mais très pratique ! Vous pouvez également consulter cette page très riche pour tout savoir sur les enduits à la chaux naturelle.

L’anecdote de la fin (sans rapport avec le chantier) : citoyens investis que nous sommes dans la vie locale, nous avons décidé de nous rapprocher du comité de quartier, qui organisait notamment un loto (je vous épargne l’épisode où s’est rendus à une réunion de 1h30 où il n’était question que de problèmes de stationnement, alors que nous avons un jardin pour nous garer…). Nous voici donc partis au loto en question, avec quelques amis un samedi soir et… nous avons constitué la moitié de l’assemblée ! Il y a apparemment une trop grande concurrence entre les différents lotos organisés à Bègles (on ne rit pas, merci), ce qui explique le peu de personnes présentes ce soir là. Ne nous plaignons pas car la soirée fut quand même fort agréable, plusieurs amis ont gagné des lots (sans compter le plaisir de jouer  – avec modération évidemment !), et nous avons quant à nous remporté avec grand plaisir un magnifique panier garni ! Yihaaaaaa…

Notre superbe panier garni !

A bientôt pour de nouvelles aventures du chantier ! (et peut-être du loto…?)