Galère de tranchées

Pas en avance dans la mise à jour du blog alors pour patienter, un billet spécial « raccordement de la dépendance au réseau des eaux usées » : glamour, non ?

Notre précédent billet se terminait sur une certaine appréhension : nous avions recouvert la porte d’entrée de la maison principale d’une lasure au coloris inattendu, à mi-chemin entre prune / griotte / violet / aubergine transgénique (à ce stade, ce n’est plus un chemin, c’est un improbable carrefour !). Chose promise, chose due : voici donc la photo de la porte après séchage, le résultat n’est pas si étrange que ça, avec une teinte qui évoque quelque chose entre le merisier et l’acajou (avec des reflets trop suspects pour que ça paraisse naturel, quand même…).

Ouf, les dégâts sont limités.

Maintenant que vous êtes rassurés, attaquons le récit du mercredi 24 février. L’objectif du jour est clair : il faut raccorder la dépendance à un regard proche de la maison principale qui rejoint lui-même le réseau des eaux usées (ben oui, la vie de chantier, c’est pas sexy tous les jours !).

Ceci est un schéma explicatif de toute beauté.

Ah oui, j’ai oublié de préciser quelques données du problème : il faut bien sûr creuser pour enterrer le tuyau de raccordement (on a d’abord essayé de rentrer avec la Clio sans enterrer le raccordement, c’était pas pratique !). Et comme c’était beaucoup trop facile en l’état, une partie du raccordement sera enterré sous des pavés. Allez, au travail…

Premier coup de pioche !

Comme il y avait eu pas mal de pluie les jours précédents (étonnant dis donc), on craignait que notre journée se transforme en bain de boue, mais la terre semble avoir eu le temps de sécher, ouf ! On progresse assez rapidement en se relayant : un qui pioche, l’autre qui dégage la terre ou les pavés, puis on inverse (c’est assez vite épuisant de creuser, je vous assure !). Bonne nouvelle : les pavés de l’allée partent assez facilement, ils sont juste posés sur la terre et se tiennent entre eux…

La première brouette de pavés, rapidement remplie.

Je décide de me concentrer sur le tronçon entre le portail et la dépendance. Comme le raccordement sera constitué de tuyaux collés (des sections droites, du coup !), il ne faut pas s’amuser à faire une tranchée qui serpente sous peine de devoir tout recommencer. N’ayant pas le compas dans l’œil, je préfère jouer la sagesse et je trace à la bombe l’emplacement à creuser.

C'est plus clair, non ?

Pendant que je gratte tel un cochon truffier (mais avec la pioche, quand même…), Mika sort la grosse artillerie « à l’autre bout du fil » : les derniers centimètres près du regard sont évidemment en béton, d’où l’usage du burineur. Il faut percer une section circulaire sur le côté du regard pour passer le tuyau d’évacuation (sans tout exploser, de préférence, c’est là où le marteau et le burin « manuel » prennent le relais).

Activité garantie DDD : délicatesse, discrétion et détente.

Je n’ai toujours pas trouvé de truffes de mon côté, mais la tranchée avance… Dans un registre beaucoup moins chouette que les truffes, je tombe sur un gros os de provenance non identifiée (non, je n’ai jamais rêvé d’être vétérinaire ou zoologiste). De toute façon j’ai prévenu Mika, si on tombe sur un cadavre, je l’enterre un peu plus profond et je continue comme si de rien n’était, hors de question qu’une enquête bloque le chantier pendant des mois, ou pire, qu’on doive casser la nouvelle dépendance alors qu’elle n’est même pas finie ! (j’espère qu’il n’y a pas de mots clés sur les blogs – comme « cadavre », au hasard – qui déclenchent une alarme silencieuse, avec la police qui vient perquisitionner chez toi à l’aube)

Ligne (presque) droite.

Venu à bout du béton, Mika prépare la pose des tuyaux en « damant » la terre au fond de la tranchée et en vérifiant le niveau. L’idée est d’avoir une très légère pente tout le long des tuyaux entre la dépendance et le regard pour faciliter l’évacuation, sous peine de se retrouver dans la situation de nos pauvres voisins dont les canalisations sont (très) régulièrement bouchées, avec toutes les conséquences peu ragoûtantes que l’on peut imaginer (je ne vous fais pas un dessin, bon appétit bien sûr !).

Niveau OK...

Une fois le terrain préparé, on colle le tuyau d’évacuation et le manchon qui servira de jonction avec le tuyau suivant (au préalable, on passe un petit coup de papier de verre dans les zones qu’on va encoller, ne me demandez pas pourquoi, j’ai pas bien suivi mais je fais ce qu’on me dit… j’imagine que c’est pour une meilleure prise de la colle, quelque chose du genre !).

Colle spéciale PVC, qui prend très vite, faut pas traîner !

Encollage du manchon et du tuyau avant assemblage.

Quelques secondes plus tard, on peut déjà mettre en place le premier tuyau dans la tranchée !

Si c'est pas merveilleux...

Pas de temps à perdre, on rebouche déjà et on tasse la terre (merci la masse de 150 kg).

Faut juste pas laisser son pied en-dessous.

Puis on remet les pavés en place comme si de rien n’était.

Difficulté : remettre au bon endroit les bons pavés (ou en tout cas, donner cette impression...).

De l’autre côté, je m’active également et ça se voit… (mes chevilles vont bien, merci)

La tranchée approche la dépendance...

Mika a déjà fini de remettre les pavés en place, il en profite pour passer un coup de balai : ça enlève la terre de l’allée bien sûr, mais ça permet surtout de garnir les joints entre les pavés.

Faut que ça brille !

Reste à faire chauffer encore un peu le burineur pour briser les dernières résistances : on parle bien sûr des fondations de l’ancienne dépendance, en pierre de taille…

C'est la lutte finale...

Une fois cet obstacle surmonté, on peut enfin mettre en place les derniers tuyaux au fond de la tranchée, reboucher, et installer l’ultime canalisation verticale d’évacuation, en attente de raccordement avec la dépendance.

Tout ça pour ça ?

La fin de cet épisode assez physique approche : quelques coups de rateau plus tard, on ne voit plus grand-chose des tranchées qui nous auront occupés toute la journée.

Paré pour semer les radis (dans le top 10 des citations favorites de Mika).

Après s’être donné tant de mal, on prend quand même quelques minutes pour tester l’installation : Mika déverse de l’eau dans le tuyau au coin de la dépendance, tandis que je scrute le regard (dit comme ça, c’est étrange…). Après quelques secondes, soulagement : tout fonctionne comme prévu ! Voilà une journée qui rejoint la (trop) longue série des activités que j’appelle « les trucs qui prennent des heures mais ne se voient absolument pas ». Faut-il préciser qu’à force de piocher, creuser et être pliés en 2 (voire 4 ou 8), nous avons eu de sacrées courbatures le lendemain ? Si vous avez l’honneur (!) d’utiliser un jour la douche ou les toilettes de la dépendance, j’espère que vous aurez une pensée émue pour ceux qui auront donné de leur temps et de leur sueur pour rendre cela possible ! 🙂

Restez dans les parages, on parlera bientôt de gouttières et de mezzanine…