Plus de 2 ans et demi après avoir acheté cette ruine ce bien immobilier à fort potentiel, voilà que nous attaquons enfin le « gros morceau ». L’avantage, c’est que ça nous aura laissé du temps pour réfléchir à ce qu’on voulait et affiner le projet selon nos attentes, les possibilités en matière d’urbanisme, le budget (et divers autres critères qui n’incluent pas l’alignement des astres).
Après avoir attendu les fameux délais légaux (affichage du permis en façade, tout ça…), c’est donc comme prévu à la fin du mois de juin 2018 qu’on a confié les clés de notre palace à l’entreprise retenue. Les choses ont commencé très fort le premier jour des travaux : notre réveil avait à peine sonné qu’on voyait arriver au portail les ouvriers en charge de la maçonnerie. Certains de nos voisins ayant une tendance prononcée pour le tapage nocturne, nous nous sommes dit que c’était un juste retour des choses. Nous partons travailler en abandonnant notre maison aux mains d’une petite équipe d’ouvriers qui transformera bien vite l’arrière de notre maison en chaos : brouettes, tas de sable, outils divers, ferraille… Heureusement les valeureux travailleurs avancent plutôt bien, comme on peut le constater presque quotidiennement. C’est une sensation à la fois curieuse et agréable que de voir le chantier progresser entre le moment où on part le matin et celui où on revient le soir, alors qu’on ne fait rien (bon la sensation devient un peu moins agréable quand on se rappelle combien on a payé ! ahah).
Je n’envie pas les ouvriers car pendant que je vais m’enfermer dans un bureau au climat tempéré, ils triment quant à eux en plein soleil alors que l’été est bien là et que le chantier connaît quelques épisodes de grosse chaleur. Autre détail qui est peut-être courant dans le métier, mais qui était un peu déroutant au départ : ne pas savoir quels jours l’équipe d’ouvriers viendra travailler ou pas (parfois même le samedi, ce qui heureusement ne nous posait pas de souci). D’ailleurs l’équipe en charge de la maçonnerie, qu’on voyait parfois arriver de bon matin, fluctuera au fil des jours : plus ou moins nombreux, des têtes connues ou nouvelles… Il est même quelquefois arrivé qu’on voit un ouvrier garer sa fourgonnette, mais passer seulement le temps de récupérer quelques outils pour ensuite aller sur un autre chantier ! Enfin j’imagine que ce sont les réalités de leur métier, et nous étions contents de voir le chantier avancer en respectant globalement le planning défini avec l’entreprise, c’était bien là le principal.
Entrons dans le vif du sujet avec quelques photos du début des travaux de maçonnerie : les ouvriers démontent presque tout le mur à l’arrière de la maison (côté jardin) car contrairement aux autres murs qui sont en pierre de taille ou autres matériaux qui inspirent davantage confiance, celui-ci est fait de bric et de broc… Dès le premier soir, nous retrouvons donc une maison qui n’a presque plus que 3 murs !
Pendant ce temps, on continue à enlever les tuiles et les voliges, et la maison se retrouve progressivement « à ciel ouvert »…
Les travaux de maçonnerie battent leur plein sous un grand soleil, avec le démontage de 2 des 4 pannes (les énormes poutres qui soutenaient la toiture) ainsi que des cheminées, dont on visualise bien l’ancien emplacement grâce aux traînées de suie. Les maçons mettent en place les ferrailles et coulent les fondations pour le futur mur qui sera reconstruit à la place de l’ancien, mais en parpaings, cette fois-ci… Ils coulent également 3 gros plots de béton le long du mur mitoyen avec notre voisine, chacun faisant pas loin d’un mètre cube : ces plots consolideront l’assise des 3 poteaux en bois qui supporteront eux-même le futur plancher de l’étage.
Petit détour par le jardin qui se portait plutôt bien en ce début du mois de juillet (et souffrira un peu de la chaleur les semaines suivantes, notamment le gazon… hum).
Revenons-en à nos moutons maçons, qui s’attaquent à présent au pignon côté allée pour le démonter. En effet, en enlevant les premières pannes, les ouvriers ont eu l’impression de voir quelques pierres bouger, ce qui était moyennement rassurant vu que les épisodes suivants impliquent de faire reposer toute une partie de l’ossature sur ces mêmes pierres ! L’entrepreneur a fait venir un ingénieur en bâtiment qui semblait un peu moins alarmiste sur la situation, mais par sécurité l’entrepreneur a préféré démonter le pignon pour repartir sur des bases saines (on est plus à quelques pierres près…). Le point positif, c’est qu’on a pu récupérer quelques pierres imposantes au passage, qu’on utilisera sans doute ultérieurement pour un autre petit chantier… (les réflexions sont en cours, mais chut !).
Il n’est sans doute pas utile de préciser que le pignon est la partie triangulaire supérieure du mur, qui supporte en général le plus gros de la charpente (et donc les fameuses pannes, la boucle est bouclée…). En revanche, ce que je viens moi-même d’apprendre en me perdant sur internet, c’est qu’en complément du « mur pignon », on appelle « mur gouttereau » la partie de mur qui accueille les gouttières / chéneaux en bas de pente du toit (d’où son nom j’imagine…).
Dans la foulée, les ouvriers mettent en place le mur de soubassement côté jardin : c’est la partie inférieure d’un mur, souvent partiellement enterrée donc peu visible (3-4 rangées de parpaing par exemple), qui repose sur les fondations et n’a pas forcément une vocation esthétique mais plutôt structurelle pour supporter le véritable mur. Comme la dalle sera bientôt coulée, il est temps de préparer le sol : après avoir bien terrassé la terre à l’intérieur de la maison, les maçons posent un film d’étanchéité (pour éviter les potentielles remontées d’humidité) qu’ils recouvrent ensuite de grandes plaques de polystyrène pour assurer une isolation thermique minimale vis-à-vis du sol. Mickaël est intervenu furtivement pour rajouter des morceaux de polystyrène le long des murs en pierre, il aurait effectivement été bête d’isoler le sol et les murs mais pas le bord de la dalle : si cette dernière était en contact direct avec la pierre, elle aurait alors joué le rôle de pont thermique en amenant le froid ou la chaleur à l’intérieur de la maison (voir exemple ici). Dernière étape, la mise en place de treillis soudés au sol qui permettent de renforcer la résistance du béton : pour être exact, les treillis sont surélevés à quelques centimètres du polystyrène de manière à se retrouver au cœur de la dalle une fois qu’elle sera coulée, cette structure en « quadrillage » faite de fers à béton permet ainsi de répartir sur l’ensemble de la dalle les éventuels efforts qu’elle subit au cours du temps.
Les plus avertis d’entre vous auront aperçu Mickaël dans la photo précédente : il est occupé à tracer la délimitation du futur « sas ». Comme la porte d’entrée de la maison est quasiment collée à l’angle du mur, cela nous empêche de pouvoir isoler correctement cette zone. Plutôt que risquer de ruiner les efforts importants que nous faisons globalement sur l’isolation thermique à cause d’une mauvaise isolation dans cette zone précise, nous préférons donc créer une pièce d’entrée, un peu comme un sas moins isolé, dans lequel on peut enlever les chaussures ou manteaux, accéder aux compteurs (eau, électricité), ou par exemple ouvrir la porte à des visiteurs inattendus sans pour autant leur dévoiler tout notre intérieur (un peu d’intimité, que diable…). Cela implique d’isoler mieux la future cloison qui séparera ce sas du reste de la maison (future cloison que Mika trace donc dans la photo suivante, vous l’aurez compris !).
La première tentative pour couler la dalle aura été un ratage logistique : les maçons avaient tout bonnement oublié – ou pas jugé utile, l’histoire ne le dit pas… – de demander l’autorisation à la mairie pour que le camion toupie puisse stationner en empiétant sur la moitié de notre rue (qui est assez passante). Le camion est arrivé, son conducteur a demandé à voir l’autorisation en question, et faute de document adéquat, est reparti avec son chargement. La deuxième tentative fut la bonne, une fois l’autorisation obtenue : c’est donc par une (trop) chaude journée que nous avons trouvé la dalle coulée en rentrant du travail. Nous nous sommes empressés de l’arroser car avec des températures qui avoisinaient les 30-35 degrés, la prise du béton risquait d’être bien trop rapide avec pour résultat une résistance amoindrie, voire des fissures (nos fidèles lecteurs savent évidemment qu’un béton doit durcir et non sécher, nuance subtile mais essentielle !). C’était impressionnant car il faisait si chaud que l’eau disparaissait en quelques secondes au fur et à mesure de l’arrosage !
Info béton : le saviez-vous ? Le béton acquiert 80% de sa résistance au bout d’une petite semaine, et on estime généralement qu’il atteint sa résistance nominale au bout d’un mois environ. Ces chiffres sont bien sûr à nuancer en fonction des conditions climatiques comme la température, le vent ou la pluie… Dans notre cas, si l’eau de gâchage (celle initialement contenue dans le mélange) s’évapore trop vite, la réaction chimique devient alors incomplète, avec pour conséquences des résistances mécaniques plus faibles. Dans de tels cas, cela se matérialise souvent visuellement par des fissures ou une dalle qui a tendance à « poudrer », ce que nous avons pu observer dans certaines zones de notre dalle, mais de manière toutefois négligeable.
Quelques jours plus tard, les maçons sont de retour pour remonter un mur de parpaings en lieu et place de l’ancien qui était fait de bric et de broc. Enfin il s’agit davantage de pans de mur en réalité, puisqu’ils prévoient des ouvertures qui accueilleront plus tard les menuiseries (porte et porte-fenêtre).
Dans la foulée, les maçons s’attaquent au chaînage périphérique : nous en avions réalisé un pour la dépendance, il s’agit d’une ceinture en béton armé qui va venir « contenir » les murs de la maison pour éviter tout phénomène d’écartement. Pour assurer une solidarité entre les différents pans de mur ainsi que verticalement, on utilise des fers à béton qui sont coulés dans le chaînage périphérique (dans la même logique de meilleure répartition des contraintes mécaniques que pour la dalle). Dans notre cas, les maçons ont recours au coffrage avec des planches pour couler le béton, mais on peut également recourir à des parpaings de chaînage qui facilitent le travail (ce sont des parpaings évidés en forme de U, on les pose comme des parpaings normaux et on coule le béton à l’intérieur).
Dans le même temps, les maçons continuent à avancer sur le mur côté jardin : ils posent les coffres qui accueilleront les volets roulants des menuiseries et le mur gagne en hauteur.
Vous pouvez apercevoir des poteaux en bois dans la photo précédente car alors que le mois de juillet tire à sa fin, l’intervention des maçons se termine. Fini le béton salissant, place au bois sous toutes ses formes désormais ! Pour faire durer le suspense, ce billet s’arrête donc avant que commence ce qui est sans doute la plus jolie phase d’intervention de l’entreprise, avec la mise en place du plancher et de l’ossature bois de notre maison. Restez dans les parages car dans le prochain billet, il va y avoir de l’action : on vous réserve quelques photos et animations qui valent le détour… 😉